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ON RENTRE DANS LE DUR !

L’œil dans l’objectif : les souvenirs ne trompent pas lorsqu’ils sont aussi frais dans les mémoires. Et avec l’intitulé du jour, une boucle tracée à proximité d’AlUla, avec départ et arrivée dans le bivouac où tout le monde avait été réuni il y a moins de deux semaines, il fallait s’attendre à une spéciale difficile à dompter. Avec 371 kilomètres de secteur chronométré, sur un sol sablonneux à tendance rapide, en piste ou en hors-piste, quelquefois empierré, mais presque toujours avec des subtilités du road-book à interpréter, les débats entre les pilotes de pointe ont été conditionnés par une navigation délicate à moto, et en partie par l’enjeu des crevaisons en autos. Ricky Brabec a fait un pas de plus vers un deuxième titre, et Guerlain Chicherit a su se faufiler bien plus vite que tous ses rivaux du jour avec son Hilux. La bataille continue entre Carlos Sainz et Sébastien Loeb.

L’essentiel : rivaux hier, collègues avant tout aujourd’hui. Voilà l’évolution de la relation entre Ricky Brabec et Adrien Van Beveren, qui tourne à l’avantage du premier et qui pourrait aussi avoir le mérite de faire progresser le second au cours des deux étapes qui les séparent du podium final de Yanbu. En position d’ouvreur, le Français pouvait difficilement compter sur une opération bénéficiaire d’envergure. Mais à partir du ravitaillement, il a retrouvé la compagnie de son coéquipier chez Honda, avec qui un mariage d’intérêt était tout à fait envisageable, voire programmé. Dans cette configuration, Brabec est allé chercher sa première spéciale de l’année, la 10e de sa carrière, qui fait surtout grimper son avantage à 10 minutes sur Ross Branch au classement général. La récolte est aussi fructueuse pour Van Beveren, dont le retard sur le pilote botswanais est descendu sous la minute. Le travail d’équipe de Monster Energy Honda pourrait conduire à un doublé des rouges. En attendant, c’est un triplé Honda pour la deuxième journée consécutive qui éclipse la concurrence, grâce à la navigation encore une fois impeccable de « Nacho » Cornejo, auteur du 2e temps à 2’’ ! La lutte n’est pas terminée chez les Rally 2, où Harith Noah devient un sérieux concurrent de Romain Dumontier après avoir claqué le 5e temps de la spéciale (voir la perf).

Il n’y a pas si longtemps, Carlos Sainz et Sébastien Loeb ont eux aussi été coéquipiers, alors qu’ils pilotaient les Peugeot dont le cycle victorieux avait été conclu par l’Espagnol en 2018. Ce temps est bien révolu et il ne reste en cette fin d’édition 2024 qu’une opposition courtoise mais acharnée. La course poursuite du jour s’est jouée sur un concours d’adresse consistant à éviter les crevaisons. Dans ce match, Carlos Sainz a manqué de réussite, s’est retrouvé sans roue de secours après avoir fait « pschitt » à deux reprises. La sanction aurait pu être rédhibitoire s’il n’avait pas bénéficié du soutien de Mattias Ekstrom, qu’il a tout de même dû attendre 7 à 8 minutes. C’est presque exactement le temps qu’il perd sur Sébastien Loeb, quant à lui sur les nerfs d’avoir lâché un quart d’heure pour changer ses deux roues, suite à une panne de son cric hydraulique. À deux jours de l’arrivée, ils ne sont plus séparés que de 13 minutes. Au jeu du plus habile à éviter les pierres, Guerlain Chicherit n’a pas été épargné mais réalise tout de même le meilleur temps de la spéciale, sur un podium où s’invitent également le CR7 de Brian Baragwanath et le Hilux de Benediktas Vanagas. Le Savoyard remonte ainsi au 5e rang de la hiérarchie provisoire.
Au sein de la catégorie Challenger, le statu quo a été privilégié à la prise de risques par Mitch Guthrie, mais aussi par sa première poursuivante Cristina Gutierrez (à 28’), qui ont donné l’occasion au Brésilien Marcelo Gastaldi de remporter sa première étape. C’est aussi une première pour Sara Price (voir la stat), qui s’impose en SSV le jour où son compagnon leader du Dakar à moto se montre aussi le plus rapide. En camions, une deuxième étape consécutive a été remportée par Gert Huzink, sans inquiéter Martin Macik, en tête de la catégorie avec 2h06’ d’avance sur son compatriote Ales Loprais.

La perf du jour : c’est la deuxième fois qu’un motard de la catégorie Rally 2 termine une étape de ce Dakar dans le Top 5. Bradley Cox (BAS World KTM Racing) avait déjà signé la 4e place dans l’étape 1. Aujourd’hui, c’est l’officiel Sherco Harith Noah qui s’est hissé en 5e position. La meilleure performance de la carrière du pilote indien qui participe à son 5e Dakar et qui n’a pour le moment vu l’arrivée qu’une seule fois. En 2021, il était devenu le deuxième indien à venir à bout de la course, en 20e position. CS Santosh en 2015 était le premier finisher national. Blessé au dos en janvier dernier, Harith avait repris la compétition sur la Baja Aragon. Il remonte à la 2e place du provisoire de sa catégorie, seulement 4’31’’ derrière Romain Dumontier. La présence d’un pilote indien parmi les rangs de la marque française Sherco trouve son explication dans le partenariat en rallye-raid entretenu avec le fabricant indien TVS. L’Inde représentée par Harith, mais aussi le constructeur Hero, est une nation qui investit le Dakar. Aucun de ses représentants ne s’était hissé aussi haut dans une feuille de classement du Dakar.

Le coup dur du jour : la nouvelle est tombée hier en fin de journée, mais est devenue officielle avec le courrier reçu par les officiels de course au petit matin : Nasser Al Attiyah n’allait donc pas prendre le départ de l’étape, ce qui n’était plus arrivé dans les 86 dernières spéciales disputées sur le Dakar. Le dernier abandon du quintuple vainqueur date en effet de la 4e étape du Dakar 2017. Au total, c’est la septième fois en 20 participations qu’Al Attiyah quitte le Dakar avant son terme, après avoir subi des problèmes mécaniques sur son Hunter deux jours d’affilée. S’il a sauvé l’honneur en remportant une spéciale cette année, un minimum dont il s’est acquitté systématiquement depuis 2007, il a en revanche manqué à son engagement de jouer collectif au sein de l’écurie Prodrive. Son soutien aurait en effet pu être précieux pour Sébastien Loeb lors des deux prochaines étapes, en particulier pour la gestion d’éventuelles crevaisons.

W2RC : Ricky Brabec chez les motos, Sara Price en SSV, les deux Californiens remportent aujourd’hui leurs catégories respectives. Ils sont aussi installés en tête de leurs classements W2RC à deux jours de l’arrivée de la première manche de l’année. Celle qui est devenue en 2010 la première femme pilote officielle de motocross au sein de la prestigieuse équipe Monster Energy Kawasaki, avant de concourir à Miss Californie 2013 ou encore de remporter la Baja 1000 2019, a un autre atome crochu avec le vainqueur du Dakar 2020. Ils sont en couple à la ville. Sara, qui entame sa première saison complète après s’être testée sur les manches 2023 du Sonora Rally et du Rallye du Maroc, s’est déjà illustrée la semaine dernière en remportant le classement W2RC dans l’étape 1. Le W2RC tient peut-être le couple de l’année

3 - La stat du jour : Sara Price a été proche de la victoire à plusieurs reprises depuis le début de ce 46e Dakar dans la catégorie SSV. Aujourd’hui, la pilote South Racing Can-Am a remporté l’étape avec seulement deux secondes d’avance sur Jérôme De Sadeleer. Elle devient ainsi la troisième femme de l’histoire du Dakar à remporter une étape, après Cristina Gutierrez en T3 et Jutta Kleinschmidt, pour qui cette distinction deviendra accessoire après sa victoire au classement général en 2001. La victoire de la Californienne arrive seize ans après le dernier succès d’étape chez les autos de l’Allemande en 2005 et trois ans après le triplé de l’Espagnole en prototypes légers sur l’édition 2021. Sara Price ouvre son compteur en SSV avec certainement pour objectifs de passer la deux en Challenger dans un futur proche, avant de passer la trois comme ses prédécesseurs.

Sur un air de Classic : au nom du père. Lorenzo Traglio est l’héritier de la dynastie Tecnosport, un préparateur italien historique sur le Dakar depuis les années 90, dirigé à l’époque par Maurizio, « il padre ». Au volant d’un Pathfinder aux couleurs d’époque, Lorenzo était l’un des hommes forts de ce début de 4e édition du Dakar Classic avant de connaître un problème mécanique. À deux jours de l’arrivée, il est revenu à 2 points du leader, l’Espagnol Carlos Santaolalla. Il pourrait offrir à son père la première victoire de Tecnosport sur le Dakar.

B.L.S. d’après un communiqué © ASO/DDPI Julien Delfosse

Publié le 18 janvier 2024