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LES BATTUS SONT LES BATTANTS !

L’œil dans l’objectif : direction Ha’il, le berceau du tout-terrain en Arabie Saoudite, où les premières générations de pilotes du pays ont été formées. Pour y parvenir, la septième étape partie d’Al Duwadimi, dont la spéciale était interrompue par un long transfert, mettait aux prises les pilotes sur deux environnements contrastés. Sur cette étape aux deux visages, avec 279 kilomètres de chrono réellement ouvert, ils ont d’abord roulé sur une épaisse couche de sable, parfois sous forme de dunes, pas toujours en hors-piste. Pour la grosse centaine de bornes précédant l’arrivée, l’explication s’est achevée sur des pistes roulantes avec quelques portions caillouteuses imposant la vigilance. Un terrain familier pour les frères Benavides, qui ont signé les deux meilleurs temps à moto. Ils ont en commun avec Mattias Ekstrom et Stéphane Peterhansel, auteurs d’un doublé Audi sur l’étape, d’avoir perdu tout espoir de victoire finale à Yanbu.

L’essentiel : ils sont arrivés à AlUla avec les plus hautes ambitions, et elles étaient légitimes. Le tenant du titre Kevin Benavides et le champion du monde Luciano Benavides ont vu s’éloigner l’un comme l’autre cette heureuse perspective pendant la première semaine de course. Elle n’est pas totalement irréaliste pour le pilote KTM, qui remonte au 5e rang de la hiérarchie avec sa victoire à Ha’il, à 20 minutes de Ricky Brabec tout de même, mais très improbable pour son cadet chez Husqvarna, en 8e position avec un débours de près de 40 minutes. Après une année 2023 qui a porté la signature des frérots argentins, ils signent à Ha’il leur premier doublé familial dans leur histoire commune sur le Dakar, à défaut de jouer comme ils l’espéraient les tout premiers rôles. Car devant eux, la bataille des nerfs est bel et bien lancée entre les cadors de la catégorie. Et au regard des classements intermédiaires, il est autorisé de penser que la stratégie du coup de frein ait servi de référence aux prétendants au titre. En tête sur l’essentiel de la spéciale, le leader américain de la course a finalement signé un 7e temps qui le met dans une position de départ avantageuse pour le rendez-vous de demain, tandis que Ross Branch a fait « encore mieux » en signant le 8e temps. Adrien Van Beveren, qui a senti venir l’embrouille un peu tard, hérite d’un 3e temps qui ne fera peut-être pas ses affaires lorsque tous ses collègues de Honda seront à ses trousses sur la route d’AlUla. Stéphane Peterhansel et Mattias Ekstrom ont eux aussi démarré le Dakar avec le rêve de soulever le trophée du Touareg à Yanbu. Leurs illusions se sont respectivement envolées dans l’Empty Quarter et dans l’étape de reprise d’hier, mais ils signent aujourd’hui un doublé Audi à bénéfices multiples, en particulier pour favoriser les plans de leur capitaine Carlos Sainz (voir perf du jour). L’Espagnol peut toujours craindre un retour de Sébastien Loeb, même s’il a perdu une occasion de se rapprocher du leader du Dakar sur une erreur de navigation qui lui a valu un détour de 5 kilomètres dans la campagne saoudienne. « On perd à peu près ce qu’on a gagné hier », c’est un peu la vie de Loeb sur le Dakar ces dernières années. Il lui faudra maintenant réaliser une série de quatre journées sans la moindre erreur pour espérer déloger son rival du fauteuil de leader. Dans la lutte pour les accessits, la bonne opération du jour est à mettre à l’actif de Guerlain Chicherit en remontant de la 8e à la 6e place du général, il ferme aussi un train de quatre Toyota, avec Moraes (3e), De Mevius (4e) et De Villiers (5e), qui poursuit à distance le duo Sainz-Loeb.Chez les Challenger, Mitch Guthrie dispose d’un matelas chronométrique suffisamment épais sur Cristina Gutierrez pour courir après les secondes et les minutes. C’est peut-être ce contexte qui a permis à Saleh Alsaif de s’imposer pour la première fois dans la catégorie. En SSV, Xavier de Soultrait peut en revanche s’inquiéter de voir le Joao Ferreira monter en régime sur cette deuxième semaine de course : le Portugais a remporté la spéciale du jour et ne pointe plus qu’à 7’41’’. C’est certainement la sérénité qui règne dans la cabine du camion de Martin Macik. Son premier rival n’est autre que le jeune Mitch van den Brink, qui avait déjà remporté l’année dernière sa première étape à 20 ans, et s’impose une nouvelle fois au lendemain de son anniversaire, à 22 ans.

La perf du jour : placer deux RS Q e-tron en tête d’une étape du Dakar, Audi l’a déjà réalisé à deux reprises dans le passé avant ce jour. Le premier doublé réalisé dans l’étape 8 de 2021 était déjà à mettre à l’actif du duo Ekstrom-Peterhansel, avant celui de « Peter » et Sainz deux jours plus tard. Aujourd’hui, le Suédois est devenu le pilote Audi le plus bardé d’étapes avec un total de quatre à son actif, dépassant les trois victoires de « El Matador » et les deux de « Monsieur Dakar ». Au total depuis son engagement sur la course, Audi a dominé neuf étapes. Celle du jour « met du baume au cœur » à ses auteurs au lendemain de la déconvenue du Suédois, comme l’explique Peterhansel à l’arrivée de la spéciale. Derrière ce lot de consolation, il songe aussi à la position délicate d’Audi, dont tous les anneaux sont dans le même panier. Car ce doublé qui aide à oublier les jours passés sert aussi la stratégie des prochains. L’Espagnol, toujours leader du classement général avec Sébastien Loeb à ses trousses, est en route vers Yanbu dans sa Audi en mode « go fast » avec deux voitures ouvreuses. La configuration offre des options multiples pour le convoyage du boss !

Le coup dur du jour : Yasir Seaidan a participé à l’œuvre collective de la nation saoudienne (voir La stat’) en remportant l’étape 3 en catégorie SSV. La première de sa carrière à l’occasion de son septième Dakar. Le Saoudien est ensuite monté durant trois jours sur le podium de la catégorie, sortant leader des SSV au soir de la 48h chrono. Rétrogradé en deuxième position du provisoire le lendemain, à seulement 7’30’’ du leader, le pilote MMP a aujourd’hui connu une journée noire. La casse de son différentiel avant, plus trois crevaisons et ce sont 27’39’’ qui s’envolent aujourd’hui, reléguant ce soir le pilote de 46 ans et son copilote Français Adrien Metge à la 5e position de la catégorie, à plus d’une demie heure du leader. Pas de quoi abattre l’agent immobilier de Riyadh qui avait débuté la course au soir de l’étape 1 avec près d’une heure de retard. Yasir sait mieux que quiconque que la construction réclame de l’obstination.

W2RC : victime d’une casse de barre de direction en début de course, Joao Ferreira s’est depuis affairé à combler l’espace qui le sépare de Sara Price (South Racing Can-Am) et de Yasir Seaidan (MMP). Et c’est chose faite aujourd’hui pour le Portugais qui s’impose et prend les commandes de la catégorie au classement du championnat. Monter, descendre les échelons, c’est l’histoire de Joao en rallye-raid, qui n’a pas hésité depuis 2019 et son premier essai en T2 à tester toutes les catégories jusqu’à trouver sa place en SSV. T1 en 2021 au volant des références Toyota Hilux et Mini X-raid, T3 l’an passé avec Yamaha X-raid, essai en SSV sur le Rallye du Maroc 2023 avec à la clef un volant Can-Am Factory pour cette saison. Du haut de ses 23 ans, il figure déjà en 6e position du T3 2023 et en 7e position du classement SSV grâce à sa pige victorieuse au Maroc. Ferreira débarque en SSV avec une expérience tous azimuts qui risque de peser cette saison.

10 - la stat du jour : ce 46e Dakar met en lumière le talent des représentants saoudiens, avec un total de dix victoires à leur actif toutes catégories confondues depuis leur apparitions sur le Dakar. Yasir Seaidan a brillé lors de la troisième étape, décrochant sa première victoire, tandis que Saleh Alsaif a ajouté un cinquième trophée à son palmarès dans le rallye-raid le plus prestigieux au monde. Yazeed Al Rajhi, malgré son retrait précoce cette année, a déjà savouré la victoire à quatre reprises et a mené le classement général de la troisième à la cinquième étape dans la catégorie Ultimate. Dania Akeel, prometteuse en début d’étape en Challenger, a marqué le meilleur temps au premier contrôle avant de reculer au classement, terminant à 37 minutes de son compatriote. Cependant, l’épreuve est loin d’être terminée… Akeel, ainsi que d’autres, aspirent à graver leur nom dans l’histoire du Dakar.

Sur un air de Classic : ils étaient quinze camions au départ de la 4e édition du Dakar Classic et le MAN 18-985 de l’équipage italien Motortecnica est pour l’heure le mieux classé. Au 12e rang du général, ce mastodonte est piloté par un homme sous l’emprise du Dakar. Cela fait deux décennies que Corrado Pattono s’engage sur le Dakar. Pour nombre de ces vétérans, le Dakar Classic est comme pour les véhicules d’époque, une seconde vie qui redémarre sur le Dakar !

B.L.S. d’après un communiqué © ASO/DDPI M.Kin

Publié le 16 janvier 2024