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AVEC L’OVALIE, CA ROULE POUR LES AIRBUSIENS !

Un beau jour une bande de copains travaillant chez Airbus se mettent dans la tête de construire une voiture qui sorte de l’ordinaire. Après quatre longues années de travail au mois d’octobre 2007, l’Ovalie nom de ce prototype roule pour la première fois sur le circuit de Pau Arnos. Rencontre en 2008 avec l’équipe d’APC (Association Prauto Concept) après avoir fait les premiers essais de roulage toujours sur le circuit d’ Arnos.

Comment vous est venue l’idée de créer ce proto ? : ‘’la prévention routière accentuée, la mise en place de normes environnementales draconiennes ainsi que l’évolution de la réglementation ont conduit les grands constructeurs à mettre un terme aux années « GTI ». Le parc automobile s’est ainsi développé vers des véhicules plus standards, somme toute performants, mais dépourvus d’âme car trop avares en sensations. Dans le même temps, les véhicules « plaisir » tels que les coupés sportifs aux tarifs abordables ont totalement disparus du marché pour céder leur place à des coupés de type « confort » bardés d’assistance et de gadgets électroniques en tout genre. Notre envie était de revoir sur les routes un véhicule aux sensations intenses, tout en faisant attention à ce qu’il soit accessible à un grand nombre de personnes.
L’idée de créer la « berlinette » du 21e siècle a pris forme au travers d’un cahier des charges rédigé par une bande de copains autour d’un produit à consommer avec modération. Avant d’imaginer une conduite sur route, il nous faut passer par la réalisation d’un prototype utilisable sur circuit où la liberté de rouler nous est proposée.’’[ /bleu]

Quand a été lancé l’idée et pourquoi une association ? : ’’nous avons rêvé de ce projet au retour du salon automobile de Paris en 2002. Plusieurs présentations nous ont laissé croire en notre capacité à construire une automobile. Six mois plus tard, sont déposés les statuts de notre association, type loi 1901, qui se greffe en parallèle à nos activités professionnelles. Elle a pour but la conception/construction et promotion du prototype. Ce statut nous a permis de structurer notre démarche vis à vis du projet et nous permettra de diversifier nos objectifs.’’

Quels ont été les différentes étapes, du premier coup de crayon aux premiers tours de roues ? : ’’Les six grandes étapes qui ont jalonné le projet sont les suivantes : Nous avons récupéré un moteur V6 d’origine Peugeot, sur lequel nous avons fait une vivifiante réfection, lui redonnant ainsi ses caractéristiques d’origine.
En parallèle, nous avons réalisé l’architecture du prototype pour concevoir la structure de l’habitacle (dimensionnement général d’après des plans de forme, création d’une maquette à l’échelle 1/5e).
Une maquette du châssis en bois, à l’échelle 1, nous a permis d’étudier l’ergonomie et de nous rassurer quant aux dimensions des différentes parties. La structure a été divisée en trois parties pour permettre la flexibilité et l’évolution de la géométrie, voire des matériaux utilisés.
- Le berceau avant avec le crash box - Le châssis central et les éléments de sécurité - Le berceau arrière recevant l’ensemble moteur-boîte. Des analyses en modélisation éléments finis sur logiciels utilisés en dimensionnement aéronautique nous ont permis de valider la rigidité en torsion flexion ainsi que le comportement général de la structure en conditions extrêmes. Nous avons construit le châssis d’habitacle en treillis soudé et caissonné. La clé de voûte de cette structure est une poutre centrale de grande dimension permettant d’obtenir de très bons résultats en rigidité générale et fournissant aussi un passage sûr pour tout ce qui est circuit de refroidissement, commandes moteur-boîte et faisceau électrique. Une fois le proto assemblé, nous sommes passés à la réalisation de la carrosserie composite. Pour cela, nous avons utilisé la méthode du moulage au contact sur des moules construits d’après un master échelle 1. Le stratifié est constitué de tissu de verre et de mat de verre positionnés sous le gel-coat de surface. Ces cinq étapes réalisées, nous avons procédé à l’assemblage et à la mise au point : Ajustage de la carrosserie, cinématique des portes, faisceau électrique, circuit carburant, circuit refroidissement, tableau de bord, etc….’’

Quelles difficultés avez-vous rencontré ? : ‘’nous avons eu beaucoup de perte de temps du au manque de place. Il est vrai que construire une voiture de 4m30 par 1m90 dans un garage de 6m sur 4m laisse peu de place pour les membres de l’association surtout en période hivernale ! Le projet étant auto-subventionné, des choix techniques ont été abandonnés pour des raisons de coûts au profit d’autres moins efficaces, plus lourds et demandant beaucoup d’adaptations.
Dernier point, le métier de modeleur est très spécifique. Nous avons été très exigeants sur cet aspect, ainsi nous avons consacré une très grande partie de notre planning à la fabrication du master et des moules.’’

Quelles parties du projet ont été un jeu d’enfant pour vous ? ‘’on ne peut pas dire que certaines étapes ont été un jeu d’enfant. Nous avons appris sur le tas dans beaucoup de domaines. Nous avons acquis l’expérience du prototypage au fur et à mesure du projet, n’hésitant pas à remettre en cause les choix précédents et prendre du recul si nous sentions qu’une amélioration était possible. C’est une expérience très enrichissante, chaque jour passé sur cette construction étant un nouveau challenge.’’

Combien de temps avez-vous mis pour réaliser le proto de la planche à dessins à ses premiers ? ‘’nous avons passé 4 ans (de 2003 à 2007) et environ 6500 heures pour la voir rouler sur le circuit de Pau Arnos au mois d’octobre 2007.

Un bilan de ce premier roulage à Arnos ! : ‘’nous avons passé plusieurs semaines intensives pour répondre présents à l’invitation de Jean-Christophe Canavesio de Pau Arnos à l’occasion des Coupes d’Automne. Pour nous, cette journée avait plusieurs enjeux : Evaluer le comportement général de la voiture.-Tester la mécanique.- Montrer à des experts le projet, pour avoir une vision critique de certains choix et nous donner des axes de modifications. - Se faire plaisir… Nous sommes très satisfaits du comportement qu’a pu avoir la voiture ces deux jours-là. Le freinage ainsi que les accélérations étaient à la hauteur de nos espérances. L’agilité et les sensations étaient au rendez-vous ! Nous avons, cependant, pu détecter quelques améliorations à apporter comme la commande de boîte trop lente ou, le réglage du train arrière. Actuellement nous apportons les modifications à ces imperfections.’’

Quel futur voyez-vous pour cette auto ? : ’’tout au long du projet, nos objectifs ont évolué pour passer d’une voiture de route à une voiture de circuit. Aujourd’hui, l’accomplissement serait de la voir rouler en compétition et pourquoi pas rejoindre les circuits en empruntant la route ? L’adaptation d’un moteur non polluant mais tout aussi performant est envisagée. Nous avons baptisé le prototype « Ovalie » en référence aux valeurs rugbystiques que sont l’amitié, le courage, la maîtrise de soi conjugués à la force du pack et la vitesse des arrières... Peut-être un jour naîtra une ‘’Ovalie Cup’’ pourquoi pas ?’’
Quel est le rôle de chacun d’entre vous ? : ‘’nous avons tous participé à chacune des étapes de la réalisation. Cependant, par nos différentes expériences, il en ressort les spécialités suivantes : Eric, l’instigateur du projet : design, mécanique générale et électricité, Denis :mécanique générale, soudage, Christophe (Bux) : électricité, mécanique générale, Wilfried : composite, calcul mécanique, CAO. N’oublions pas Emmanuel (Manu) qui, par son expérience de tourneur fraiseur aura contribué, malgré la distance, à l’aboutissement du projet. Son expérience de pilote, nous aura également permis de développer nos compétences en carrosserie !’’

Pricipales caractéristiques :
Longueur : 4,35m – Largeur : 1,92m – Hauteur : 1,12m – Poids (pleins compris) 940 kg – Puissance : 200 ch – Boîte à vitesses : 5 rapports – Pneus : 240/18

B.L.S.

Publié le 6 avril 2020