Tout le sport automobile en Midi-Pyrénées et en Béarn
  1. Accueil
  2. > COMPETITIONS
  3. > TERRE
  4. > Rallye

PORTRAIT DU JOUR : DANIEL LEMARIE LA VOIX DU RALLYE TOUT TERRAIN


L’ heure H du départ du Championnat de France des Rallyes Tout Terrain approche à grands pas. Samedi matin les concurrents vont s’élancer pour la première fois de la saison à Arzacq. Daniel Lemarié n’aura pas attendu le feu vert pour reprendre le collier de ce championnat. Il faut dire que Daniel c’est la voix du rallye tout terrain. Quelques jours avant le lancement officiel de la saison, il a déjà lu et relu, réactualisé et fignolé toutes ses notes, car il n’aime pas faire les choses à moitié. Comme Robert Ollivier déjà présenté dans nos colonnes, c’est également un des pilier de la discipline, un homme incontournable en matière d’informations. Un homme que votre humble serviteur n’hésite pas à consulter régulièrement sur le terrain et hors du terrain pour se tenir au courant des derniers faits et gestes de toute la colonie de cette discipline.


Daniel pour nous scribouillards, est une véritable mine d’informations

Daniel en deux mots dit nous qui tu es ?

Je suis un fils d’agriculteur désormais retraité, après 41 ans d’activité comme maquettiste décorateur dans le cartonnage monté recouvert. Je m’explique je créais des cartonnages destinés aux produits haut de gamme français, comme la parfumerie, la cosmétique, la joaillerie, l’ alcool etc. Je suis marié à Paule et je vis à la campagne dans un petit village, Chavigny-Bailleul dans l’Eure en Normandie. Le village où je suis né le 1 mai 1949, le jour de la fête du travail. Une enfance avec des résultats scolaires qui n’étaient pas eux dans le haut de gamme, mais par contre j’étais doué pour dessiner. Cette passion pour le dessin me permet de ‘’ fuir le métier d’agriculteur’’ qui n’était pas vraiment ma tasse de thé. Mon père m’envoie vers une école privée de peintre en décors. Là je trouve ma voie, je m’éclate dans la découverte de tout ce qui est beau et la culture des arts m’amène vers la précision et le travail bien fait, qui va me suivre dans tous les domaines d’activités que je pratique, le jardinage, la photo, les voyages et, bien sûr le sport automobile.

Comment es tu venu au sport auto ?

Je termine mes études à 19 ans et avec mes premiers salaires je passe le permis de conduire et achète ma première voiture une 4cv. Je passe ensuite à la Dauphine, puis à un coupé sport Fiat 850 75cv qui me font découvrir les joies la liberté de rouler. J’aimais bien écouter les grands prix de F1 et le rallye de Monte-Carlo à la radio. J’ai eu la chance de lire le 1er Echappement, la passion grandissante, abonnement en suivant, puis avec mon cousin Noël Morel nous adhérons à un club auto d’ Evreux l’ASADE qui organisait des courses sur asphalte. Trop guindé à notre goût nous quittons cette association et avec une bande de copains nous créons l’ACA (Auto Club Andrésien) pour mettre sur pieds des courses sauvages de navigation cartographique de nuit avec nos propres véhicules. Ensuite nous organisons la première course sur terre dans la région du style autocross. Pas de prise de tête ave les instances fédérales, ni avec les règlements de cylindrées ou de poids nous avions appelé cette compétition ‘’Rodéo Cross Auto’’. Un succès, le public est venu en grand nombre, cette épreuve deviendra par la suite une épreuve de Championnat de France d’Autocross. Ensuite il y a eu le premier Plaines et Vallées, mais j’ai disputé ma première course avec une Simca P60 lors du rallye Collines Finnoises, n’étant pas très fortuné, je suis passé dans le baquet de droite comme copilote en rallye asphalte, puis terre. La passion de la vitesse et du sport auto était bien née.


Daniel et ses notes très détaillées indispensables pour commenter une épreuve

Quand as-tu débuté comme commentateur et pourquoi le tout terrain ?

J’ai débuté au premier Rodéo Cross Auto de Garennes, n’ayant pas terminé la préparation de ma 4cv pour courir, avec un autre copain nous avons commenté les courses. La première coupe de France de rallye tout terrain est née en 1974 et j’ai débuté en rallye tout terrain Plaines et Vallées, participant j’avais juste inscrit mon nom sur les tablettes. L’ année suivante je n’y participe pas, j’ai donc commenté l’épreuve avec des fiches sur chaque pilote. Le pli est pris, de fil en aiguille après avoir commenté toutes les épreuves du nord, je me suis expatrié dans le Sud Ouest et les Alpes à la demande des organisateurs.

Pourquoi cette discipline la terre ? Ce fût un déclic entre copains, n’ayant ni moyen, ni talent de grand pilote. Les pilotes de la région sont passés du goudron à la terre et donc on s’amusait au club ensemble et comme la première Coupe de France a vu le jour en 1974, le premier champion en fût Jean Claude Briavoine. L’année suivante c’est Jean Pierre Bellanger qui remporte le tout premier Championnat de France. Tous deux faisant parti de l’ACA, ma motivation pour le rallye tout terrain atteint son paroxysme. Ceci ne veux pas dire que nous étions sectaires, au contraire, nous allions voir toutes les épreuves régionales, les courses de côtes, sur le circuit de Rouen Les Essarts, les rallyes goudron de Normandie et bien sûr les 24 Heures du Mans. Pour en rester au tout terrain, je trouvais passionnant d’avoir les résultats et d’expliquer les règles de cette nouvelle discipline qu’était le rallye tout terrain. J’ai pris modèle sur Léon Zitrone pour les fiches et Roger COUDERC pour sa passion pour le rugby qui sont mes modèles dans l’activité de commentateur.

As tu quelques anecdotes ?

Bien sûr de quoi écrire un livre ! En voilà une qui est assez drôle par rapport à l’état d’esprit de la discipline et cette grande famille qu’est le tout terrain. Cela se passait aux Chemins Creux au mois de juillet, je ne souviens plus de l’année ! Toujours est il qu’il y avait plus de 240 engagés avec une spéciale de nuit qui débutait aux environs de vingt trois heures trente, minuit. Une formidable ambiance, camping sur les deux hectares de terrain où tous les concurrents et spectateurs mangeaient et attendaient la spéciale de nuit et se couchaient ensuite (pas tous). Je commentais les départs avec mes fiches et le classement provisoire, c’est pour cela que l’heure de départ n’était pas fixe. Vers minuit et demi un gros orage éclate, se fût très vite une patinoire et je me souviens d’un concurrent qui a mis dans les cinq minutes pour décoller de la ligne de départ. Il partait chaussé de Dunlop + S complètement lisses. Qu’à cela ne tienne l’ on lançait néanmoins les autres coureurs à ses côté. Nous avons fini l’épreuve de nuit vers 4h30 et sommes repartis pour les premiers à sept heures.

Quel est ton meilleur souvenir ?

Le mano à mano entre Yves Pachiaudi, Eric Chardin sur Pachiaudi Porsche 3L et Pierre et Bernard Philippe sur Phil’s-Car Renault 2L au Plaines et Vallées en 1989. Ils jouaient la victoire aux Plaines et le titre de champion. Les trois dernières E.S. de Saint André furent d’anthologie. Au départ de ces spéciales c’est Yves qui tient la corde pour les deux classements avec 6 seconde d’avance. Lors des deux premières Pierre grappille deux fois de suite trois secondes : égalisation en chrono, tout se jouerai donc dans la dernière. Yves fît une petite erreur au virage de Ferrières en prenant une raie de labour, Pierre gagnait avec 2’’ son 6e Plaines et Vallées et son 2e Titre National Tout Terrain. Yves avait eu des soucis mécaniques de poussoirs de culbuteurs, Pierre et Bernard avaient tout tenté comme de passer de la quatrième à la première dans l’ultime ES pour gagner quelques dixièmes, tout en freinant et restant dans les tours d’un moteur extrêmement pointu. La manœuvre s’ effectue à deux, Bernard au frein à main et au levier de vitesses tandis que Pierre s’occupe des pédales et du volant. Du grand art, et des larmes des deux côtes, chez les vainqueurs et chez les vaincus. Un moment tellement intense sous nos yeux et dans nos cœurs à l’arrivée ! J’avais tellement donné que j’ai failli perdre connaissance tant j’avais parlé de ces deux immenses champions constructeurs.


Daniel en conversation avec Michel Capin l’organisateur du Gers Armagnac

Quel est ton plus mauvais souvenir ?

Au rallye des Cimes, suite au message que m’avait demandé de diffuser la direction de course annulant la 2e montée de Méhatze. J’avais osé dire que le spectacle était gratuit, j’ai eu droit à une huée de sifflets des spectateurs. Ceci dit le Rallye des Cimes reste pour moi le mythe du Championnat et maintenant avec du recul, je pense que j’avais bafoué ce public très connaisseur.

As-tu des idoles ?

Oui bien sûr, mais pas dans le tout terrain car les commentaires doivent être équitables pour l’ensemble des participants. Ceci n’empêche pas que des affinités plus particulières s’établissent, beaucoup de coureurs, équipes ou, organisateurs sont des amis.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaiterait débuter aujourd’hui comme speaker ?

Pour débuter dans le commentaire, je crois qu’il faut avant tout être un passionné, respecter et aimer tout le monde quelque soit son niveau ou ses moyens. Il faut une bonne élocution et être en bonne condition physique car c’est très fatiguant. La passion étant la moitié des choses de faites, après c’est vrais qu’il faut être rigoureux rester très humble et honnête avec tout le milieu de la discipline dans laquelle on s’implique.


Pour Daniel débriefing d’après course sans chi chi et puis rien de tel qu’un verre à la main pour délier les langues.

Texte écrit à deux mains - Crédit photos Robert Ollivier et B.L.S.

Publié le 3 mars 2010