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AU DAKAR, CENT POUR CENT DE SABLE POUR CETTE SPECIALE

L’œil dans l’objectif : l’exploration de la région de Ha’il s’est poursuivie par une virée au sud de la ville, en allant chercher le parcours d’une spéciale 100 % sable, où de longues portions de hors-piste ont obligé les pilotes à naviguer au cap. La finesse de lecture du road-book est également entrée en compte lors de choix de direction rendus délicats par l’arrosage récent des terrains. La victoire d’Adrien Van Beveren s’est précisément construite sur ces qualités, tandis que Nasser Al Attiyah a surtout tablé sur sa science du pilotage sur sable pour s’imposer. Peut-être les deux clés du succès sur le Dakar !

L’essentiel : une autre partie est engagée, mais le tri n’a presque pas commencé dans la catégorie motos, exception faite des quelques favoris sortis par la case infirmerie. Sur la deuxième boucle de Ha’il, un premier gros défi de navigation était imposé aux motards. A ce jeu, Adrien Van Beveren a rapidement pris l’avantage, ses devanciers sur la piste ayant manqué d’instinct, à commencer par Joan Barreda qui était le premier exposé aux difficultés. Quoi qu’il en soit, pendant que les copains tournoyaient pour retrouver la bonne trace, le Nordiste qui a grandi sur le sable du Touquet filait en solo vers une victoire d’étape qui le relance dans la chasse au titre. Avec ce premier succès conquis sur le Dakar au guidon d’une Honda, le 100e pour la marque japonaise (voir le chiffre du jour), Van Beveren gagne trois places au général et se repositionne surtout à 4’22’’ de Skyler Howes, le nouveau leader de la course pendant que Daniel Sanders accuse le coup (voir le coup dur). Pour autant, la situation n’a rien de figée, les sept premiers pilotes étant chronométrés en moins de 10 minutes après 2000 kilomètres de spéciale. Le maître du jeu de la catégorie autos peut s’estimer un peu plus à l’abri au terme du séjour à Ha’il. Parti en quatrième position ce matin, Nasser Al Attiyah a accéléré sans forcer l’allure, laissant Stéphane Peterhansel et Carlos Sainz assumer le travail de navigation et de balayage des herbes à chameaux qui gênaient le passage. Sur la ligne d’arrivée, il signe le meilleur temps du jour pour la 46e fois de sa carrière et conforte sa place au sommet. Seth Quintero peut éventuellement fantasmer sur des chiffres de ce genre, au rythme où il avance dans les livres de statistiques. L’Américain remporte sa première étape cette année chez les proto-légers, ce qui porte son total à 19, mais c’est Guillaume de Mévius qui prend les commandes du classement général, avec 7’20’’ d’avance sur Austin Jones, en léger retrait, tandis que Mitch Guthrie a totalement dégringolé. En T4, Rokas Baciuska remporte l’étape du jour et se rapproche de la 2e place du général, toujours dominé par le Brésilien Rodrigo Luppi de Oliveira devant Eryk Goczal. Au sommet de la catégorie quads, Alexandre Giroud n’a pas été inquiété par le succès de Francisco Moreno, l’Argentin pointant maintenant en deuxième position à 39 minutes. Ales Loprais peut afficher la même tranquillité, avec un quart d’heure d’avance sur Martin van den Brink, qu’il a battu avec 16 petites secondes d’avance sur le parcours de la 5e étape.

La perf du jour :le retour de Guillaume de Mévius sur le Dakar prend des airs de revanche tranquille, après une première participation qui l’avait vu briller ponctuellement, gagnant l’unique étape que son coéquipier d’alors, Seth Quintero, n’avait pas raflé. En revanche, le pilote belge n’était pas parvenu à rallier l’arrivée au sein du clan Red Bull. Durant l’année, il a accepté le pari de reprendre les OT3 pour développer avec son équipe GRallyTeam un véhicule susceptible de tenir la route sur la longueur. Le bilan intermédiaire est plutôt flatteur après 5 étapes : même s’il ne s’est pas imposé sur l’une des spéciales disputées depuis le départ, c’est bien lui qui occupe le sommet du classement général, avec un avantage minime de 7’20’’ sur Austin Jones, mais déjà plus d’une heure d’avance sur Seth Quintero, 3e de la hiérarchie. Le duel s’engage donc avec le tenant du titre en T4, passé en T3. Et De Mévius semble avoir déjà appris à ne pas confondre vitesse et précipitation.

Le coup dur : il l’avait annoncé la veille du départ au Sea Camp, Daniel Sanders se présentait sur son deuxième Dakar à 50% de ses capacités physiques, suite à une année 2022 jalonnée par six opérations nécessaires pour retrouver l’usage de son coude. Sanders se préparait à vivre la course la plus dure de sa vie. 5e du général aux étapes 1 et 2, « Chucky » recommençait à faire peur à ses adversaires en prenant les commandes du Dakar durant les deux étapes suivantes. Mais ce matin, le pilote Red Bull GasGas Factory Racing s’est réveillé en petite forme. Il a subi toute la journée et termine avec près de 27 minutes de retard sur le vainqueur. Au moment de faire les comptes, Sanders passe de la première à la 8e place du provisoire et accuse ce soir un retard de 13’19’’ sur Skyler Howes. Coup de pompe, virus ou coup de froid, Daniel devait passer des examens à son arrivée au bivouac.

le chiffre 100 du jour : en signant sa 3e victoire d’étape sur le Dakar le lendemain de l’anniversaire de ses 32 ans, Adrien Van Beveren a fait un beau cadeau à Honda pour son premier Dakar en rouge : la 100e victoire de spéciale de la marque ailée. VBA devient ainsi le 13e Français a s’illustrer sur Honda. La France enfonce son statut de nation la plus prolifique pour la marque, devant 5 Italiens. C’est Christian Desnoyers en 1979 qui avait ouvert le bal pour le pays de naissance de la course en remportant le prologue de Montlhéry du premier Paris-Dakar. A titre individuel, le recordman reste Joan Barreda qui a poussé hier son compteur de succès sous les couleurs de Honda à 21, loin devant les 9 scratch de Brabec, les 8 de Neveu et les 7 de Lalay ou Vassard. Il reste encore 40 succès à aller chercher pour Honda avant d’égaler les 140 victoires de Yamaha et 130 avant de rejoindre KTM et ses 230 victoires acquises à ce jour.

Le W2RC : la hiérarchie installée du W2RC est contestée après seulement cinq étapes de la première manche. Il n’y a que Nasser Al Attiyah pour rester maître de la situation. Mais le champion du monde voit déjà double. Peterhansel et Sainz ont remplacé Loeb, son rival habituel. En T3, Austin Jones ne doit pas regretter d’être venu dans cette catégorie puisqu’il devance au classement provisoire ses coéquipiers de la Red Bull Off-Road Jr Team et Red Bull Can-Am Factory. En T4, Rodrigo Luppi de Oliveira de South Racing Can-Am peut croire en son rêve de faire sonner la samba à Dammam, mais ses deux poursuivants Eryk Goczal et Rokas Baciuska sont à ses trousses. En camion le mano a mano entre Janus Van Kasteren et Martin Macik a tourné à l’avantage du Hollandais qui reprend six minutes sur le Tchèque. Chez les motos, Skyler Howes semble rester sur la lancée de sa fin de saison impeccable. Mais ils sont dix à pouvoir rêver, dix dans les dix minutes du Top 10. En Rally2, la chute de Paolo Lucci du HT Rally Raid Husqvarna Racing donne de l’air au dauphin de la saison 2022. Romain Dumontier de BAS World KTM Racing reprend la tête du championnat au provisoire. Chez les quads, le nouveau venu de marque Manuel Andujar fait les frais de la régularité de Laysvidas Kancius et Pablo Copetti.

Sur un air de Classic : les Français qui sont taquins avec leurs frontaliers vous diraient que c’est une histoire Belge. Aujourd’hui, le Classic a perdu les 3e du général sur casse de leur vilebrequin. Un comble pour des chantres du 100% d’origine Toyota qui ne jurent que par la fiabilité nippone. Les Clayes père et fils étaient spécialement revenus pour conjurer le sort. Une crevaison à quelques kilomètres de l’arrivée les avait fait dégringoler l’an dernier du Top 20 à la 34e place finale. Ils revenaient pour se défaire d’un petit goût d’amertume qui leur restait en travers de la gorge, toujours avec le même véhicule, mais avec un nouveau moteur. 100% d’origine bien sûr, mais cette fois-ci avec un turbo. « On l’avait entièrement contrôlé. De la pression interne en passant par les bielles. On a fait 4000 km ici sans que le niveau d’huile ne bouge ». Mais voilà, le mieux est souvent l’ennemi du bien... le véhicule 745 est rentré à la ficelle ce soir. Tom, le fils, est le plus déçu. Eric son paternel restait le plus philosophe : « Il n’y a rien à dire, cela arrive, c’est comme ça », lançait-il en descendant sans le moindre regret de son Toyota.

Cette 6e étape longue de 918km relie Ha’il Riyadh

B.L.S. d’après un communiqué © A.S.O/C. Lopez

Publié le 6 janvier 2023