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AU DAKAR UNE 3e ETAPE BIEN ARROSEE

Dans l’œil de l’objectif : le Dakar navigue aujourd’hui sur des territoires empreints d’histoire, en partant de l’un des centres de la civilisation nabatéenne pour rejoindre Ha’il, qui fut un carrefour des routes commerciales reliant l’Europe à l’Asie. Pour les pilotes du Dakar, qui ont affronté des conditions météo par endroits torrentielles à travers les majestueux canyons qui entouraient des pistes sablonneuses et parfois rocailleuses, l’enjeu tenait également à la capacité de se concentrer sur la navigation alors que les nombreux croisements de pistes prêtent à confusion. A ce jeu, Daniel Sanders a été d’une régularité exemplaire, remportant une quatrième étape sur le Dakar… tout comme Guerlain Chicherit qui avait commencé à nourrir son palmarès en 2006 ! Les violentes pluies ont raccourci l’étape à 377 kilomètres pour une bonne partie des pilotes et équipages.

L’essentiel : c’est peut-être une évidence, mais la lutte en tête du Dakar nécessite avant tout de la tempérance. Il n’est pas certain que Ricky Brabec ait oublié cette règle majeure, mais l’Américain est parti à la faute et allonge la liste des grands favoris qui quittent la course prématurément. Le pilote Honda a chuté au km 274. Souffrant de douleurs cervicales, il a été transporté conscient et mobile vers l’hôpital de Ha’iI pour des examens médicaux complémentaires. Après Sunderland, le rallye a perdu en trois jours deux de ses anciens vainqueurs, mais les prétendants continuent de se positionner. A commencer par Daniel Sanders, qui a signé tous les meilleurs temps intermédiaires avant de s’imposer pour la quatrième fois de sa carrière sur une étape du Dakar et de prendre la tête de la course. L’avance de l’Australien au général a été limitée par les efforts du jeune Mason Klein, qui a bénéficié de la nouvelle règle des bonifications accordées aux ouvreurs pour limiter les dégâts et garder le contact en vue de la victoire finale (voir le chiffre du jour). Si les leaders de la course motos ont été relativement épargnés par la pluie et la grêle qui ont sévi sur la région, les conditions ont contraint les organisateurs à raccourcir la spéciale afin de préserver les capacités d’intervention des secours. Reste que la leçon éternelle sur la vitesse et la précipitation s’applique une nouvelle fois à Carlos Sainz, patron de la course ce matin mais roi déchu et douché à son arrivée au CP 3 (km 377). Nasser Al Attiyah, qui a acquis le sens de la mesure bien avant sa 20e participation au Dakar, réalise sans forcer la bonne opération et prend les commandes du rallye, devant Yazeed Al Rajhi (à 13’20’’) et Stéphane Peterhansel (20’45’’). Le plus rapide sur la spéciale a toutefois été Guerlain Chicherit, qui se consolera légèrement de sa dégringolade d’hier en remportant la quatrième spéciale de sa carrière, tout juste dix ans après son dernier succès en Argentine à Tucuman. En quads, Alexandre Giroud bénéficie des déboires de son principal rival argentin Manuel Andujar pour prendre le large au classement général. La situation est beaucoup plus indécise en T3, Austin Jones ayant remporté sa première spéciale dans la catégorie, qui voit également un grand perdant avec la disparition de « Chaleco » Lopez des places d’honneur, le général étant maintenant dominé par Seth Quintero, avec une minute d’avance sur Guillaume de Mévius. Chez les T4, Marek Goczal signe une deuxième victoire d’étape consécutive et mène un podium provisoire sur lequel son fils Eryk, le benjamin du Dakar, occupe la 3e place. En camions, Martin Macik remporte une troisième spéciale sur la 45e édition, mais le retard pris hier le laisse bien loin de son compatriote Ales Loprais en tête du rallye.

La perf du jour : Yazeed Al Rajhi a beau se battre contre le temps sur le Dakar, le dicton selon lequel l’occident a la montre et l’orient le temps pourrait bien illustrer la montée en puissance du pilote saoudien depuis ses débuts en 2015. A l’ombre des stars Al Attiyah et Loeb, Yazeed s’est forgé une saison 2022 qui ne trompe pas sur sa détermination et ses prétentions. 3e du Dakar, 3e du W2RC et récent vainqueur de la coupe du monde des bajas, le pilote Overdrive Racing a aussi commencé le 45e Dakar en troisième position du général de l’étape 1 à moins de deux minutes du leader. 12e de l’étape d’hier qui a vu de nombreux prétendants perdre pied, lui s’est contenté d’assurer et de rétrograder à la 6e place du général à un peu moins de 28 minutes de Sainz. 2e de l’étape du jour et premier pilote Toyota, il revient au général en 2e position à 13’20’’ de la première place occupée par son coéquipier et tenant du titre. La route est encore longue jusqu’à Dammam, Yazeed l’enfant du pays le sait mieux que quiconque dans la caravane, mais peut compter sur la fiabilité de son Toyota dont il s’inspire d’année en année.

Le coup dur du jour : sur le Dakar, ce n’est pas un secret, tout peut très vite tourner au vinaigre. Un jour, on mène le général et on croit encore en ses chances de titre ; le lendemain, on perd gros en quelques secondes, en particulier quand est un peu trop gourmand. Carlos Sainz, parmi les plus expérimentés de la discipline, le sait très bien, lui qui a rendu les armes cinq fois de suite entre 2013 et 2017. Aujourd’hui, il a échappé de justesse à la correctionnelle. Tout était pourtant bien parti pour « El Matador » qui se battait pour le podium provisoire en début de parcours jusqu’au km 213. Victimes d’un problème de coupelle de suspension arrière gauche, Sainz et son copilote Lucas Cruz ont été contraints à l’arrêt pour réparer. Bilan de la manœuvre : 45 minutes perdues. L’Audi RS Q e-tron E2 a pu reprendre sa route, mais les minutes ont filé très vite. Par chance, Sainz n’a pas eu à abandonner cette fois-ci. Sainz voit ses espoirs de finir sur la plus haute marche du podium final s’éloigner, mais le Dakar peut parfois se montrer intraitable et personne n’est à l’abri, y compris ses adversaires.

Le chiffre du jour : vainqueur hier de la première spéciale de sa carrière sur le Dakar à 21 ans, Mason Klein n’en finit pas d’étonner ses ainés. En partant en tête, il s’est lancé dans une partie de Pacman jusqu’au ravitaillement, mangeant tous les bonus mis en jeu pour la première fois pour récompenser les ouvreurs. Seul à l’avant, le kid est passé le premier à tous les way point et a engrangé 5’52’’ de bonifications jusqu’au ravitaillement du km 240 où la partie prenait fin. À ce moment de la course, Mason avait gagné plus de temps de bonus qu’il n’en avait concédé à Sanders. Une balance positive de 7’’ qui lui permettait de limiter la casse comme le souhaitait l’esprit de cette réforme. Skyler Howes son pote et mentor, parti 3e ce matin, réalisait une opération similaire. A l’arrivée après environ 450 km, Klein ouvrait toujours la spéciale et avait réalisé une navigation sans faute. Il n’accusait que 6’59’’ de retard sur le vainqueur du jour et déclarait : « J’aime ouvrir, je ne sais pas pourquoi mais je préfère, je fais moins d’erreurs ». Un discours à l’opposé de celui de ses pairs expérimentés, pour qui c’est une punition ! Ce kid n’est décidément pas fait comme les autres. Ce soir, il concède le général à Sanders mais reste 2e du Dakar à peine plus de 4 minutes.

W2RC, sauve qui pleut : Après le champion du monde FIM en titre Sam Sunderland il y a deux jours, c’est au tour de son dauphin Ricky Brabec de quitter le Dakar et de laisser filer la plus grosse moisson potentielle de points de la saison. Les cartes sont rebattues en profondeur après seulement trois étapes du championnat. A l’inverse en autos, Nasser Al Attiyah et Yazeed Al Rajhi, les deux fers de lance de Toyota qui ont fait triompher leur constructeur en 2022 restent solides et sont pour l’heure en tête de la première manche. Grâce à sa victoire du jour, Chicherit débute sa collecte de points de victoire d’étape qui pourrait payer au moment de faire les comptes, car il reste encore 11 étapes avant l’arrivée !

Sur un air de Classic : Le Classic n’a pas échappé aux pluies qui se sont abattues sur le Dakar. Après les deux premières épreuves de régularité qui se sont déroulées sans être affectées par la météo, le niveau de l’eau dans les oueds a pris des proportions qui ont incité la direction à prendre la décision d’arrêter la course au CP1 après 318 km. Mais c’était sans compter sur l’échappée belle des Galpin et
vainqueurs 2022, déjà repartis pour la suite du programme ! Tous les deux ont été récupérés et ont eu le privilège de prendre la tête du convoi de la caravane en route vers le bivouac, dans la grande tradition de la course, coutumière de ce genre de replis stratégiques qui font aussi partie de son histoire.

Aujourd’hui l’étape en boucle de 148 km de liaison et 425 km de spéciale relie Ha’Il à Ha’il

B.L.S. d’après un communiqué © DPPI/ Frédéric Le Floch

Publié le 4 janvier 2023