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LE CIRCUIT DE NOGARO : IL Y A CINQUANTE ANS

Si depuis sa création il y cinquante le circuit a accueilli tout ce qui roule sur deux ou quatre roues, hors des séances d’essais le circuit gersois n’avait jamais organisé un Grand Prix de F1. Samedi et dimanche pour le cinquantième Grand Prix Nogaro vrombira au rythme du FIA Historic Formula One, plateau de FI construite dans les années 1960 à 1980. Mais au fait connaissez le pourquoi et le comment de la création de ce circuit, premier autodrome permanent français ? Allez un petit coup de rétro sur le milieu du siècle dernier

Tout redémarre !

En 1945 la seconde guerre mondiale prend fin, tout le monde essaie de retrouver une vie normale, tout le monde veut tourner cette sinistre page de l’histoire. Jours après jours, mois après mois, années après années, la vie commence à reprendre son traditionnel parcours. Rien ne sera simple, il faut relever les ruines remettre les usines en marche, trouver les matières premières pour les faire fonctionner. Parmi ces usines celles de l’automobile relancent la machine, non pas au trot mais plutôt à pas comptés. Les loisirs qui permettent d’oublier les années noires reprennent aussi, bals, foot, rugby, vélo. Les sports mécaniques qui existent pratiquement depuis l’avènement de l’automobile renaissent lentement mais sûrement. En 1950 le premier Grand Prix de Formule 1 se déroule sur le circuit de Silverstone le 13 mai remporté par Giuseppe Farina sur Alfa Roméo. Cette épreuve est le prélude de l’époque moderne du sport automobile


Robert Castagnon et Paul Armagnac

Deux Gersois au panthéon du sport automobile

Notre région n’est pas en reste malgré les difficultés économiques et un carburant qui ne coule pas encore à flot. Ici et là des épreuves refleurissent à l’exemple des grands prix, d’Albi, du Comminges ou encore de Pau. D’autres sont créées, comme le Grand Prix de Cadours –Laréole, bref tout bouge. Que ce passe-t-il dans le Gers au milieu du siècle dernier ? A vrai dire l’on ne peut pas parler de grosse affluence côté pratiquants, une petite poignée de pilotes, quelques garagistes préparateurs peuvent être recensés, comme Louis Lauga, Paul Armagnac ou Robert Castagnon. Ces deux derniers laisseront des traces indélébiles dans l’histoire de ce sport. Tous les deux pratiques le sport automobile, Robert Castagnon d’une manière disons plutôt dilettante et, Paul Armagnac pratiquement en professionnel. Paul débute en 1951 au volant d’une Simca Sport. En 51 il participe au Tour de France Automobile, et rapidement il se fait un nom en compétition. En 53 il s’engage aux 12 Heures de Hyères sur une Simca prototype, remarqué par René Bonnet, il devient ‘’pilote d’usine’’ aux volants de René Bonnet puis DB Panhard. Jusqu’à son décès accidentel pendant les essais lors des Coupes du Salon de Montlhéry en1962, Paul remportera une kyrielle de succès dans des hauts lieux du sport automobile comme au Mans au Nurburgring ou à Sébring. Robert Castagnon passionné lui aussi d’automobile dont un des faits d’armes sera de passer la ligne d’arrivée sur le toit, cela se passait sur le circuit des Planques à Albi après s’être fait bousculer par un autre concurrent. Il mettra après cette mésaventure fin à sa carrière de pilote. Castagnon a une autre corde à son arc. C’est un organisateur né et ceci dans plusieurs domaines et dieu sait qu’ils sont nombreux, ne nous éparpillons pas restons dans les sports mécaniques.

Une vache et un hurluberlu visionnaire.

Au début des années 50, il crée l’Association Sportive Automobile de l’Armagnac appelé plus communément Ecurie Armagnac. Rapidement il met sur pied avec l’aide de quelques compagnons de route une épreuve contre la montre sur route ouverte calquée sur les Mille Milles, le but du jeu : le plus rapide à gagné. Impensable aujourd’hui, mais il faut dire qu’en ces temps là mon bon monsieur les engins motorisés n’étaient pas légion.. L’année suivante en 53 il lance le 1er rallye de l’Armagnac, qui deviendra rapidement une épreuve phare, dépassant rapidement le cadre local pour obtenir le label international. Sa notoriété est telle que cette épreuve sortira du cadre de la région de l’Armagnac pour aller visiter les Pyrénées, en passant par les cols d’Aspin, du Tourmalet ou encore du Soulor. Après le célèbres cols pyrénéens c’est à Nogaro qui compte dans les 2500 habitants que tout se termine sur un parcours tracé dans la ville. Ceci durera jusqu’en 1958, avec bien sûr quelques incidents disons sans de gros bobos. Mais quelques anecdotes marquent l’esprit de notre organisateur, comme le passage de Jauson sur Alfa entre deux énormes platanes, un poteau électrique plié en deux par la Mercedes du Suisse Fontaine. C’est aussi Bercut qui met sa Dauphine sur le toit dans une mare. Manque de veine, quelques jours plus tard le propriétaire du ruminant vint voir Castagnon et lui demanda de passer à la caisse car la dite vache n’avait pas supporté la boisson indigeste faite d’eau et d’essence. Tous ces petits tracas ajoutés aux difficultés d’organisation, l’autorisation des propriétaires et bien d’autres arias, font cogiter notre homme qui comprend vite que les épreuves sur le domaine public seront toujours des sources d’ennuis sans fin. Pourquoi ne pas créer un circuit permanent se dit-il ? Membre de la Commission Sportive de l’Automobile Club de France, au cours d’une réunion il développe son idée. Tous le prennent pour un hurluberlu et Raymond Roche dit Toto, qui a en charge le circuit de Reims (non permanent) lui répondit ‘’Mon pauvre Castagnon tu vas te foutre dans un m…r sans nom alors qu’il y de magnifiques routes que l’état entretien. Ceci ne décourage pas notre intrépide Gascon qui veut son circuit coûte que coûte. Rendez-vous demain pour la suite de cette aventure dans ‘’Contre vent et maire’’

B.L.S. (Crédit photo Corine Armagnac)

Publié le 30 août 2010