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UN TOP 5 IMPROBABLE AU LIEU D’ UNE VICTOIRE INSDICUTABLE

Fabien Lavergne et Laurents Hörr, les pilotes de la Norma LMP3 CD Sport, ont perdu la victoire à Portimao au Portugal de la façon la plus incroyable que l’on puisse imaginer. Partie 25e et dernière, la n°30 a effectué une folle remontée et se préparait à prendre la tête à 21 minutes de la fin quand elle a écopé d’un stop and go… à cause d’une faute commise par une personne qui ne fait pas partie de l’équipe ! La paire franco-allemande du team périgourdin est quand même parvenue à se classer 5e de cette dernière manche de la Michelin Le Mans Cup, un superbe résultat compte tenu des circonstances.

A l’euphorie de la pole position signée par Fabien Lavergne succède la désillusion de l’annulation de tous les temps de la n°30. « Il y a une hauteur de 50mm à respecter entre le fond plat et la lame avant et nous avons été contrôlés à 47. Il est difficile de se prononcer sur la cause précise de cet écart. En tout cas, il n’y avait aucune volonté de tricher et ces 3 millimètres ne nous ont apporté aucun avantage chronométrique. » explique le team-manager Claude Degrémont. Est-il possible de remporter une course de deux heures en partant 25e sur la grille ? La suite prouvera que oui.

Après les pluies nocturnes, le soleil est revenu pour le départ, mais accompagné de températures plutôt basses au niveau de la piste et d’un vent violent. Il reste des flaques d’eau et tout le monde s’attend à des difficultés pour faire monter les pneus slicks Michelin en température. Malgré deux tours de formation, certains pilotes se font surprendre durant les premières minutes de course. Ce n’est pas le cas de Fabien Lavergne qui entame une vigoureuse remontée. En à peine plus d’un tour, il est déjà 16e. Une neutralisation pour ramasser quelques débris retarde sa progression, mais au bout d’un quart d’heure, il est 12e, puis 8e au cap de la demi-heure… Un peu plus tard, il réalise un exploit personnel en dépassant d’un coup les trois protos LMP3 qui se battaient pour la 5e place ! « Je stagnais depuis quelques tours derrière un groupe de voiture, quand nous nous sommes retrouvés derrière une GT à l’approche de la grande courbe avant la ligne droite des stands. J’ai entendu Laurent Cazenave me conseiller dans la radio « sois malin ! » J’ai saisi l’opportunité en laissant un petit écart et je me suis élancé pour mieux ressortir de la courbe. Après, la difficulté était de freiner à la corde en bout de ligne droite sur la partie humide… Mais j’avais décidé d’y aller alors j’ai mis la 3 au lieu de la 4, j’ai prié pour que ça tourne et c’est passé ! »[ /bleu] indique l’intéressé

Vingt places de mieux, c’est énorme, mais l’ Agenais se trouve alors à 26 secondes de la 4e place. Enchaîner les dépassements génère forcément une perte de temps. Après 58 minutes de course, Fabien passe le volant à Laurents Hörr. Celui-ci accède à la 4e position quand un adversaire part en tête à queue. A force d’attaque, il efface un retard de 35 secondes pour grimper au 3e rang et dans la foulée, un nouveau dépassement le propulse à la 2e place ! Le leader ressemble à une proie facile, avec une avance qui a fondu à 3 secondes à 21 minutes du but. Laurents est alors rappelé dans la pitlane pour un stop and go.

« En Michelin Le Mans Cup, il existe un temps minimum pour le ravitaillement donc nous n’avons pas besoin de nous précipiter. Le règlement précise aussi que la voiture doit être parallèle aux stands et sur ses roues pour le ravitaillement. Enfin, les équipes ne sont pas autorisées à effectuer elles-mêmes le remplissage du réservoir. On doit rémunérer la prestation d’un des teams de la European Le Mans Series pour profiter de leur équipement et de leur personnel, car ils occupent les stands et disputent des courses plus longues. Or, en ELMS, contrairement à nous, ils sont autorisés à mettre de l’essence quand la voiture est sur ses vérins. Lors des premiers meetings, nous avons collaboré avec l’équipe IDEC Sport et tout s’est bien passé. Mais à Portimao, ils n’engageaient qu’une voiture au lieu de deux. Notre ravitaillement a ainsi été confié à une autre équipe, dont le ravitailleur n’avait jamais officié dans notre championnat. Comme il y avait du monde dans les stands au moment de notre arrêt, nous avons dû manœuvrer pour garer la voiture conformément au règlement, en la plaçant sur roulettes. Mais le ravitailleur, instinctivement, a branché son tuyau de remplissage dès que la voiture s’est trouvée à sa portée. Elle n’était alors pas sur ses roues, nous avons donc été pénalisés ! » décrit Laurent Cazenave, co-dirigeant de CD Sport.

L’ultime effort de Laurents lui vaut de passer de la 8e à la 5e place sous le drapeau. « Je n’ai pas pu rouler suffisamment en essais libres à cause de la pluie et du drapeau rouge, et je ne me suis jamais totalement senti à l’aise dans la voiture. De plus, j’ai eu un problème avec le Hans qui me faisait souffrir pendant mon relais et gênait ma concentration. Malgré cela et notre position de départ, nous étions partis pour gagner cette course assez largement. C’est hélas à l’image de notre saison. »

Auteur du début de course que l’on sait, Fabien Lavergne témoigne à son tour : « j’étais content de ma pole compte tenu du roulage aux essais libres, limité à 7 ou 8 tours de découverte du circuit sur le sec. Les pneus ont eu du mal à chauffer mais j’ai pris confiance pour attaquer dans le dernier tour. Nous avons perdu le bénéfice de cette qualification, les règles sont les règles. En course, nous étions sur la voie royale pour gagner et je trouve la sanction sévère, nous n’aurions pas été plus durement punis si nous avions poussé une autre voiture dans le mur. J’espère que mes performances m’ouvriront des portes pour la suite. »

Claude Degrémont tire le bilan d’une saison mouvementée : « Nous terminons 6e de la série devant des équipes aguerries comme les champions ELMS LMP3 des trois dernières années. Pour notre première saison, nous avons beaucoup appris. La performance était réellement là mais il nous reste des choses à corriger. Nous allons travailler très fort pour revenir plus forts ! »

Et Laurent Cazenave de compléter : « il faut d’abord saluer nos pilotes et les remercier de leur confiance, Laurents Hörr et les trois Français gradés Bronze Anthony Pons, Fabien Lavergne et Eric Debard qui l’ont accompagné selon les épreuves. Nous avons toujours pu compter sur un très bon line-up. Pour une première saison, on peut aussi se réjouir de notre niveau de performance et de fiabilité : aucun ennui mécanique à signaler. Mais nous avons aussi commis des erreurs de stratégie et lors des pitstops, et surtout manqué cruellement de réussite. Pour finir je voudrais souhaiter un prompt rétablissement à Nicolas Maulini, notre ancien pilote, qui a été accidenté aux essais. »

CD Sport est resté au Portugal pour rejoindre Estoril, du côté de Lisbonne, où l’équipe disputera ce dimanche 4 novembre sa toute dernière course de la saison dans le cadre de la série V de V avec un équipage inédit : Jacques Wolff sera associé à Vincent Beltoise et Nicolas Mélin.

B.L.S.- communiqué © Pro-Photos-Sport

Publié le 1er novembre 2018