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DEUX FOIS SIX POUR CD SPORT

La structure CD Sport, qui revendique la double citoyenneté périgourdine et paloise, est une des très bonnes surprises de la saison 2019 en championnat de France FFSA GT. Ses jeunes pilotes Arthur Rougier et Edouard Cauhaupé totalisent 17 ans de demi de moyenne d’âge, mais ils continuent de surprendre, en enchainant les résultats probants au volant de la Mercedes-AMG GT4 n°187. Dans les rues de Pau, ils ont marqué les points de la 6e place à l’issue des deux courses dans la catégorie reine « Pro-Am », tout en démontrant qu’ils auraient pu prétendre au podium.
Le championnat continue d’afficher une santé de fer avec 40 voitures inscrites, dont 25 Pro-Am. Sur un circuit urbain de 2,760 km, cela fait à peu près une voiture tous les 64,5 mètres ! Spectacle garanti, d’autant que la météo n’a pas été tendre dans le sud-ouest, de la Saint-Pascal à la Saint-Éric.

« S’il tonne au jour de Saint-Pascal, sans grêle, ce n’est pas un mal. » On a échappé aux précipitations extrêmes, mais la journée de vendredi fut tout de même dominée par la pluie. Aux essais libres, Arthur Rougier profite d’un asphalte sec sur le circuit qui l’a vu gagner deux courses en 2016, l’année de son titre de champion de France F4. A l’inverse, Edouard Cauhaupé qui découvre l’endroit, n’échappe à la pluie que pendant trois tours.
« Soleil à la Saint-Éric promet du vin plein les barriques. » Samedi en début d’après-midi, le ciel est gris mais la pluie est absente pour les qualifications. Elle se réserve pour la course… Comme pour illustrer le bel esprit d’équipe qui règne chez CD Sport, les deux pilotes se qualifient l’un et l’autre en 10e position.
La course 1 est toujours une grande fête à Pau car elle se déroule en nocturne avec une audience maximum autour du circuit. Au moment de la mise en grille, une pluie fine commence à tomber. La question du choix des pneus devient dès lors centrale. Mais il est difficile d’anticiper l’évolution de l’état de la piste, le risque étant de surchauffer les pneus sculptés si la pluie diminue. Chez CD Sport, on observe les autres voitures et parmi les « Pro-Am » des premières lignes, les slicks ont le monopole. Edouard s’élance avec ce type de gommes. Alea jacta est ! Mais la pluie va vite s’intensifier et la piste ne sèchera pas. Il est possible de changer de pneus pendant la course, mais le règlement prévoit une immobilisation de trois minutes au minimum, l’équivalent de deux tours de circuit. CD Sport décide de passer les pneus pluie simultanément au changement de pilote, pour limiter le temps perdu dans l’opération. Malgré les conditions dantesques créées par la piste détrempée, la nuit et le trafic, Edouard est remonté 7e au général et 6e Pro-Am au moment de passer le relais à Arthur. Le Limougeaud repart 15e et accomplit une belle remontée jusqu’au 8e rang final, avec les points de la 6e place en catégorie Pro-Am à la clé ! La #187 est aussi la 3e auto partie en pneus slicks à l’arrivée.
« À la Saint-Yves, le beau temps arrive » dit le dicton, qui n’a pas toujours raison. La pluie revient troubler l’épreuve de F3 qui sert de support au Grand Prix de Pau, mais elle épargne la course 2 des GT. Les « Pros » sont à la manœuvre pour le départ, marqué par un monumental accrochage qui élimine sept voitures. La Mercedes CD Sport y échappe et une fois la piste remise en état, Arthur boucle un relais énergique au 9e rang. Comme son coéquipier, Edouard fait un sans-faute, ce qui n’est pas le cas de trois de ses rivaux directs… Il rafle une nouvelle 6e place, mais avec quelques regrets : le Toulousain a perdu 32 secondes en s’arrêtant pour éviter de percuter l’une ou l’autre voiture en perdition. Avec 32 secondes de moins sur son temps de course, la paire d’as de CD Sport aurait accédé au podium et ne se serait pas contentée d’un double-six !
Arthur Rougier nous a donné son sentiment alors qu’il se préparait à partir pour la Slovaquie. Il va coacher le pilote CD Sport de Formule Renault Baptiste Berthelot, engagé dans le Challenge Monoplace de l’Ultimate Cup Series. Vous avez dit esprit d’équipe ? « J’ai su attaquer quand il le fallait en qualification pour signer un temps très satisfaisant, compte tenu de l’architecture de la Mercedes qui n’est pas la plus adaptée aux rues de Pau. En course 1, il a fallu beaucoup doubler en évitant les contacts. On s’en est bien sorti sachant que notre stratégie n’était pas la meilleure. J’ai connu des coupures moteur en course 2 mais une nouvelle fois, on a obtenu un bon résultat. On pointe à la 6e place du championnat, c’est bien mais il nous faudrait un peu plus de réussite. Alors je pense que les podiums arriveront. »
Edouard Cauhaupé le rookie de Pau revient à son tour sur son parcours dans la capitale du Béarn : « J’aurais aimé disposer de plus de roulage sur le sec avant la séance qualificative. Dans ces conditions, j’étais satisfait de ma 10e place. Samedi, j’étais un peu malade et ma voix m’a abandonné. J’ai eu du mal à expliquer les conditions de piste au team par radio quand il a fallu se décider pour le changement de pneus ! Dimanche, ma course a été mouvementée avec un pilote qui, en se retrouvant face au rail, m’a bloqué au Lycée. Puis deux autres se sont accrochés devant moi dans la descente. Malgré tout, on a encore tiré notre épingle du jeu. En Pro-Am, Nous sommes les seuls avec les leaders à avoir marqué des points à chaque course et nous pilotons la Mercedes la mieux placée au classement provisoire du championnat. »
Au niveau technique, les ingénieurs Valentin Lansade et Christophe Melec ont constitué un super tandem à Pau. « La partie la plus complexe de notre travail a été d’adapter le driving des pilotes aux conditions que nous avons rencontrées » expliquait ce dernier. « On leur a donné une base technique saine, un réglage plutôt passe partout et sécurisant. C’est le travail du pilote sur cette base qui a fait la différence. Et j’ai été impressionné par nos deux jeunes parce qu’ils ont compris qu’il y avait beaucoup à gagner avec cette approche. »
Terminons cette analyse du meeting palois par l’avis du management de l’équipe, à commencer par Claude Degrémont, lui aussi bluffé par ses pilotes. Et le pilotage, Claude, il connaît. « Sur quatre courses disputées jusqu’à présent on a fini trois fois meilleure Mercedes-AMG. Nos deux pilotes me sidèrent, et en plus ils s’entendent bien. Je sais qu’ils sont impatients de faire un grand résultat, mais le GT est ainsi fait, tu peux être devant un week-end, derrière le week-end suivant. C’est tellement serré. »
Laissons le mot de la fin au régional de l’étape Laurent Cazenave. « Les pilotes ont exécuté à la lettre ce que nous leur avons demandé de faire : être rapide en gardant une marge de sécurité pour être à l’arrivée des deux courses. Leur place était sur le podium en course 1, avec des si… mais en course 2, ils le méritaient largement. Nous allons faire des essais pour préparer Lédenon les 6 et 7 juillet et, ensuite nous irons vers des circuits qui devraient être favorables à la Mercedes. Pour l’instant, on mange notre pain noir, mais on s’est arrangé pour mettre du foie gras dessus »

B.L.S. – communiqué © Hervé Margolles

Publié le 25 mai 2019